Louxor - Haute Egypte

Vous allez découvrir la ville la plus riche et la plus complexe d’Egypte en matière archéologique !

Dès maintenant, l’Histoire Pharaonique vous ouvre ses portes !

Lors de la campagne napoléonienne, Vivant Denon écrivit sur cette ville historique :

« Cette ville, dont une seule expression d’Homère nous a peint l’étendue, cette Thèbes aux Cent Portes, phrase poétique que l’on répète avec confiance depuis tant de siècles, cette cité était encore un fantôme si gigantesque que l’armée napoléonienne, à la vue de ces ruines éparses, s’arrêta d’elle-même. Par un mouvement spontané on battit des mains. »

Louxor se situe à 262km d’Assouan et à 720km du Caire. La ville, par elle-même, est assez petite, mais les beautés y sont nombreuses.

Dans le centre ville, il y a :

- Le temple de Louxor
- Le temple de Karnak

Deux musées très intéressants sont à visiter absolument :

- Le musée de Louxor
- Le musée de la momification



Louxor se trouve sur la rive droite du Nil. Il s’agit de la « Vallée des Vivants » où la vie grouille, surtout la nuit, où les cultures verdissent le panorama, où ses ruelles marchandes odorent les fruits, légumes, gâteaux, biscuits sablés, tissus, encens, épices ! La musique orientale hurle et fait vibrer le baffle d’un vieux poste de radio. Un chibani (un vieil homme) sourit dans sa guitoune où il vend des cigarettes, entre autres, des cigarettes égyptiennes, les Cléopâtra ! Les sabots des chevaux tirant calèche chantent sur le goudron qui revêt la route. « Calèche, Madame ! Calèche ! ». Les klaxons des véhicules aux automobilistes « anarchiques » résonnent encore dans mes tympans ! Et les felouques à la voile blanche voguent, toujours aussi silencieuses.





La température douce de la nuit recharge chaque corps, avant qu’el shams (le soleil) ne refasse son apparition, tôt le matin, depuis l’est vénéré par les Musulmans, direction de La Mecque, à Medine, en Arabie Saoudite ; le soleil se lève toujours acclamé par le muezzin appelant les fidèles à la première prière !

Sur la rive gauche du fleuve, juste en face de Louxor, la Nécropole Thébaine, « La Vallée des Morts », vous emportera à travers les mystères de l’Am-Douat.






LE TEMPLE DE LOUXOR

Avant d’admirer ses monuments, un peu d’Histoire s’impose !!

Dans l’Ancien Empire (environ 2700 à 2350 avant JC), la capitale de l’Ancienne Egypte, Kemi, était Memphis, au nord.

Ce fut en -2100, alors que la puissance memphite s’étiolait, que les ambitions royales s’aventurèrent dans le sud.

Thèbes n’était alors qu’un village agricole où l’on vénérait le dieu Amon.

Le pharaon Amenotep III, en l’an -1400, période du Moyen Empire, fit édifier le temple de Louxor.

Les pharaons du Nouvel Empire bénéficiant de l’opulence de cette période faste, firent, successivement, construire des œuvres dont la qualité et la richesse demeurent encore pour notre plus grand bonheur.

L’ancienne Thèbes était partagée en deux : la cité des Vivants sur la rive est, et la cité des Morts sur la rive ouest, là où le soleil se couche ! Le nom antique de la ville et de son nome (région, gouvernorat) était Ouaset, appelée aussi No-Amon (la Ville d’Amon), ou « Ou du Sua ». Les Grecs la baptisèrent bien plus tard, Diopolis Megala ou Diopolis Magna (la Grande Ville de Dieu).

C’était un important centre religieux et politique de la XVIIème à la XXème dynastie, avec une césure durant la période du règne d’Akhenaton.

Ce fut le premier pharaon de la XIème dynastie, fondateur du Moyen Empire, Mentouhotep, qui donna de l’importance à cette ville en faisant construire son temple mortuaire à Deir el Bahari, avant que la reine pharaon Hatshepsout y fasse édifier son majestueux temple.

Jamais Thèbes ne fut abandonnée, contrairement à Memphis. Les temples furent transformés, au fur et à mesure des temps, en églises par les chrétiens, puis en mosquées par les musulmans. Ce qui leur évita de servir de carrières de pierre…

Le temple de Louxor était « Le Temple d’Opet du Sud », où était vénéré l’aspect fertile d’Amon, soit Amon-Min, qui, avec Mout, son épouse divine et Khonsou, leur fils divin, constituait la Triade Thébaine. L’édifice asymétrique est plus petit et plus simple que l’ensemble de Karnak que vous découvrirez ensuite.

Les sculptures murales et les colonnes expliquent le concept selon lequel le pharaon Aménotep III régna de par le droit divin qui lui avait été accordé par le dieu Amon et sous la protection de tous les dieux.

Des bas-reliefs narrent en détail la grande Fête d’Opet, dont je vous parlerai ensuite.

Les colonnes de la cour principale, en forme de papyrus fermé, sont l’art architectural-même de la période d’Aménotep III.

La façade extérieure est grandiose. Bordant l’entrée principale, deux colossales statues de Ramsès II vous accueillent dans ce lieu rituel. A votre gauche, se dresse le seul obélisque restant ; l’autre, de droite, fut offert à la France par Mohamed Ali, en 1821. En réalité, les deux nous avaient été donnés, cependant, le transfert de cette beauté granitique fut si difficile, que celui du deuxième obélisque se fit attendre. Et ce fut François Mitterand qui décida de laisser ce second pic de granit à Louxor !







Une longue allée de sphinx de 4 km reliait le temple de Louxor au temple de Karnak.



Voici une des deux colossales statues de Ramsès II encadrant l’entrée principale du temple. Admirez les gravures !



A gauche du pylône, jonche sur le sol une magnifique tête en granit d’Assouan du pharaon Ramsès II.



Vu de la corniche, le temple laisse rêveur !! Les chapiteaux des colonnes supportent toujours les architraves.



Vous êtes dans le temple ! Pénétrez dans la cour de Ramsès II.



Une fois dans la cour, la surprise est grande : une mosquée a été construite sur le temple alors que ce dernier était encore enseveli par les sables !! Vous pouvez remarquer la porte d’entrée originelle de la mosquée qui est, bien entendu, condamnée !





Depuis la cour de Ramsès II bordée de colonnades où les oiseaux, bénéficiant de l’ombre, chantent, des statues montrent soit Pharaon assis, soit en pharaon guerrier : debout avec la jambe gauche en avant.







Pénétrez, maintenant, dans la colonnade et dans la cour d’Aménotep III bordée de soixante colonnes sur deux rangées aux chapiteaux en forme de papyrus fermé.









Dans le sanctuaire du temple, il y avait la Barque Sacrée qui transportait le dieu Amon, suivie de celle de son épouse et de leur fils.

Une fois l’an se déroulait la Fête d’Opet où le dieu et sa faille divine étaient présentés au peuple (comme pour Edfou). La procession se faisait de Karnak à Louxor en empruntant l’allée de sphinx. Les prêtres d’Amon portaient la Barque. Le peuple pouvait consulter alors le dieu pour un vœu. Si les prêtres faisaient un pas en avant, cela signifiait que le dieu était favorable, sinon, un pas en arrière : il fallait renoncer au souhait, car la requête était refusée par Amon !

Dans le sanctuaire, Amon y est représenté et les scènes d’offrandes détaillent les dons : volailles, viande, pain, fruits, jarres de bière, de vin, encens, etc…





Sur une stèle, un enfant princier est représenté. Il porte, en guise de jupe, une peau de bête.



Lorsque le soleil s’évanouit sur l’autre rive, ses derniers rayons offrent un charme d’autant plus envoûtant au site !





Des traces gréco-romaines « hantent » le temple par une couche de plâtre passée sur les traces égyptiennes, puis peinte de représentations de personnages de cette époque plus tardive.

A l’extérieur du temple de Louxor, proche de l’allée des sphinx, une petite chapelle gréco-romaine semble avoir plus souffert que toutes ces beautés pharaoniques…






LE TEMPLE DE KARNAK

Son nom antique était Ipet Isut. Karnak se trouve à 4km du centre ville de Louxor.

Son temple est un énorme complexe deux fois plus grand que le Vatican !! Il dégage plusieurs km2 d’enceintes où divers temples de briques crues, dédiés à Amon, à Mout et à Khonsou ont été construits et ce, durant plus de deux mille ans !

Chaque pharaon du Moyen Empire y laissa ses empreintes pour l’éternité. Cela présente un certain bric à brac d’édifices, de couloirs, de ruelles.

Une allée de sphinx à tête de bélier s’ouvre sur le pylône.









Dans la grande enceinte centrale mesurant 550mx520m, se trouvent le temple de Khonsou, un temple de Ramsès III, le temple de Ptah et de Sekhmet, la salle de la célébration de Thoutmosis III, un petit temple d’Amenotep II, une chapelle de Thoutmosis I, le temple d’Osiris et celui d’Opet, une déesse hippopotame.

Les vestiges d’autres édifices antérieurs ont été retrouvés, par les archéologues, dans le sous-sol de la grande enceinte. Les plus intéressants sont ceux du grand temple d’Akhenaton, détruit à la mort de ce souverain hérétique.

Une chapelle en grès de Sésostris 1er et une en albâtre d’Amenotep 1er y ont, aussi, été trouvées.

Les parties composant le grand temple d’Amon sont les mêmes que dans les autres temples rencontrés jusqu’à présent :

- un pylône
- une cour bordée d’un portique
- une salle hypostyle
- un vestibule
- un sanctuaire

Passé le grand pylône principal, vous arrivez dans la grande cour entourée d’un portique dans laquelle vous trouverez le temple de Ramsès I, un sanctuaire de Séthi 1er et un édifice de Taharqa.

De cet édifice, il ne reste plus qu’une magnifique colonne. Des sphinx ont été posés dans la cour en attendant de reprendre leur place d’antan.





Toujours dans cette même cour, une magnifique statue domine les visiteurs. Il s’agissait de Pinedjem, mais Ramsès II s’est approprié cette dernière en y faisant apposer son cartouche sur la boucle de la ceinture posée sur les hanches…



Vous voici dans la Forêt de colonnes !! La salle hypostyle de Karnak est tout simplement remarquable !! Elle a une superficie de 6 000m2 et possède 134 colonnes dont celles de la nef atteignent 23 de hauteur !! Véritable forêt de papyrus !!





Les architraves supportées par ces colonnes ont conservé leurs splendides couleurs !





Depuis la salle hypostyle, vous apercevez l’obélisque de la reine-pharaon Hatshepsout.



Rayonnante vue en sortant de la salle hypostyle.



Toutes les façades de temples sont admirablement sculptées !

Amon suivi de la déesse Sekhmet et du dieu Ptah.



Pharaon brandit son arc !



Pharaon est agenouillé sous un acacia, et se régénère.



Amon-Min. L’érection du dieu n’a aucune connotation perverse, il représente la fertilité dans un sens très large.



Pharaon se tient à genoux entre, à droite, Horus, qui d’après son pied tendu sur une touche de papyrus, symbolise la Haute Egypte, et à gauche, Thot, qui lui avec le pied dans les lotus, représente la Basse Egypte, le nord du pays.



En déambulant dans ce gigantesque dédale, certaines vues restent mystiques !



L’obélisque d’Hatshepsout a résisté au tremblement de terre… A l’origine, son pic, son pyramidion était recouvert d’électrum, alliage d’or et d’argent, et devait rayonner de tous ses feux !





La pharaonne Hatshepsout est représentée à droite en pharaon guerrier, vivant, et à gauche, en figuration osirienne, avec dans chaque main, l’ankh, la croix de vie, symbole de la vie éternelle.



Un temple ne serait pas complet si il ne possédait pas son lac sacré, où Pharaon venait se purifier.





Le fameux nilomètre est inévitable !!



La plus grosse statue de Khéper se trouve à Karnak, le scarabée symbolisant le jour nouveau, près du lac sacré. Un rite veut que l’on fasse 7 fois le tour du scarabée en faisant un vœu !





Vous voici au terme de la visite (écourtée) du temple de Karnak. Le sanctuaire offre une sérénité et une douceur subtiles par la lumière légère qui met en valeur les couleurs des colonnes et des architraves.







Dans l’enceinte du temple de Karnak, un musée en plein air présente d’autres curiosités :

La chapelle blanche de Sésostris 1er





La chapelle rouge d’Hatshepsout





Avant de découvrir la Nécropole Thébaine, et quitter Louxor, je souhaiterais revenir, un instant, sur la Fête d’Opet afin de vous faire partager l’ambiance qui y régnait.


LA FETE D’OPET

La grande Fête d’Opet était une fête nationale où toutes les classes sociales se côtoyaient et se mêlaient pour célébrer le dieu Amon.

Elle se déroulait lors du deuxième mois de l’inondation, durant l’été et durait vingt-quatre jours.

Les prêtres portaient la Barque avec à son bord Amon, du temple de Karnak à celui de Louxor, d’un pas lent et noble.

La foule humaine se pressait sur le parvis du temple de Karnak pour apercevoir le dieu, tandis que des marchands proposaient aux passants des figues de barbarie, des dattes, de la pastèque, tout ce qui pouvait rafraîchir.

A cette période de l’année, les champs étaient inondés, les paysans ne travaillaient pas. Les eaux du Nil gonflaient le fleuve, favorisant la navigation des bateaux. C’était alors la période la plus appréciée pour attirer le peuple.

A Karnak, la foule amassée devant le temple gardait un silence religieux, lorsque, soudain, l’énorme porte du temple s’ouvrait.

A la tête du cortège, Pharaon en habit de cérémonie, fier, marchait, la barque divine d’Amon le suivant. Le dieu caché dans une petite chapelle posée dans la barque, n’était visible du peuple. L’effervescence des gens était alors à son comble. En réalité, il y avait trois barques : celle d’Amon caractérisée par deux têtes de bélier à la proue et à la poupe, celle de son épouse Mout ornée de deux têtes de femmes coiffées d’une dépouille de vautour, et enfin, celle de leur fils Khonsou décorée de deux têtes de faucon ; Elles étaient toutes trois déposées dans la grande barque sacrée portée par les prêtres et appelée « Ouserhet », Puissance de Proue.

Les prêtres-porteurs, les épaules chargées, sortaient du temple et commençaient leur marche en passant par l’allée des sphinx à tête de bélier. Devant eux, un musicien tapait sur son tambourin tandis que des prêtres faisaient brûler de la résine de térébinthe dans un encensoir et jetaient du sable devant eux.

Le long du quai, les vraies barques d’Amon, out et Khonsou étaient prêtes à baigner dans les eaux nouvelles du fleuve. Elles mesuraient environ soixante mètres et étaient couvertes de décoration aux couleurs vives, bleu, rouge, jaune, or… Les lourdes embarcations ne pouvaient bouger, alors, des haleurs encouragés par la populace tiraient ces vaisseaux sur le canal conduisant au Nil.

Pharaon et son épouse prenaient place sur le pont de leur barque tandis que des soldats marchaient sur la berge au son des crotales (petites castagnettes), des sistres et des trompettes. Une fois sur le Nil, les navires divins étaient remorqués par des bateaux à rames et à voile. Tout autour, des embarcations de différentes talles accompagnaient l’imposant cortège, suivi par des Egyptiens en liesse sur les deux rives.

La procession durait plusieurs heures avant que la flôtille n’accostât le long du quai du temple de Louxor là, où la foule état, aussi, très nombreuse.

Les dieux se retrouvaient devant l’entrée latérale du temple où notables, hauts dignitaires, dans une ambiance dansante et musicale accueillaient le cortège. Les prêtres portaient la Ouserhet dans l’enceinte du temple de Louxor en longeant tout d’abord une série de chapelles aux autels garnis d’offrandes. Puis, se retrouvaient devant une seconde porte à la grande cour de Ramsès II.

De là, la procession traversait la salle de la grande colonnade pour aller dans la cour d’Aménotep II, au fond de la quelle les porteurs déposaient les barques de Mout et Khonsou. Celle d’Amon était acheminée dans une chapelle attenante.

La cérémonie se terminait dans la salle de la naissance divine où la reine-mère épousait symboliquement le dieu Amon pour redonner naissance à son fils, le pharaon, et le consolider dans ses pouvoirs spirituels et terrestres.

Le temple d’Amon était bâti en plein cœur de la ville de Thèbes sous les XVIIIème et XIXème dynasties par Aménotep III et Ramsès II.

A l’origine, une chaussée bordée d’une double enfilade de sphinx reliait les temples de Karnak et Louxor.

L’entrée principale se situait au niveau du pylône, édifice monumental semblable à une forteresse gardé par des statues de Pharaon et par deux obélisques, symboles solaires pesant 250 tonnes chacun et mesurant 27 mètres de haut.

La Fête d’Opet correspond certainement à la volonté d’Amenotep III d’asseoir définitivement son pouvoir divin. Car ce pharaon était marié à une femme étrangère. Elle était la fille du roi de Mitanni, empire étendu du sud du Taurus à l syrie.

Aussi en s’unissant symboliquement à Amon, la mère d’Amenotep démontrait que son fils n’était pas un enfant de père humain (en réalité de Thoutmosis IV) mais d’un père divin qui aurait fécondé la reine-mère.

Personne ne sait quand la Fête d’Opet cessa d’exister. Une chose est sûre, c’est que l’inauguration de cette fête se fit sous le règne de la reine Hatshepsout vers 1479-1458 avant JC, et fut maintenue jusqu’à la XXVème dynastie sous le règne de Tiy, vers 747-716 avant JC.

A Karnak, sur un mur, des bas-reliefs narrent la procession des barques avec les musiciens et danseurs.

De nos jours, la Fête d’Opet s’appelle la Fête musulmane d’Abou Haggag ! Célébrée tous les ans, les festivités sont en l’honneur de ce saint homme local. Un cortège de petits bateaux est promené autour de l’enceinte du temple de Louxor !

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