Le Musée du Docteur Raggab



J'avais entendu parler du musée du Docteur Raggab au Caire. Aussi le 10 avril 2007, après une longue matinée passée dans les nécropoles, je fis arrêter mon taxi à ce musée, que l'on oublie trop souvent, et qui mérite vraiment la visite.

Le Docteur Raggab, décédé en 2009, a eu la charmante idée d'avoir créé un village dédié à l'ancienne Egypte, non seulement de rendre à l'Egypte la culture du papyrus qui avait disparu depuis l'an 800 de notre ère suite à l'invasion des Arabes qui amenèrent avec eux la fabrication du papier, mais aussi, par l'emploi d'artistes artisans et acteurs qui vivent sur place.
On y découvre la reconstitution de temples, les métiers d'antan, une maison de l'Egypte antique où la Belle se fait coiffer par une servante dans sa chambre, on se promène dans la maison, etc...
Puis, en sortant de cette ambiance antique, des musées sur l'Egypte contemporaine s'ouvrent aux visiteurs.
Je ne peux que vous conseiller cette promenade culturelle pour petits et grands. La visite prend au moins 4h, vous pouvez aussi y passer la journée, il y a un petit snack et une aire de jeux pour enfants. C'est une occasion pour quitter le brouhaha cairote et se détendre au frais des roseaux et de l'eau pour un instant éducatif qui a son importance.
Une barque est nécessaire pour débuter et terminer la visite et se rendre sur l'île où tout se déroule. Cependant, pour le début de la visite, il vous faudra attendre la barque qui aura l'enregistrement des explications dans votre langue.
La promenade terminée, une boutique présente et vend les objets et les papyri fabriqués sur place. Vous pouvez être certains que le papyrus que vous achèterez ici sera véritable et non une contrefaçon en feuilles de palmier...

A présent, embarquons et naviguons parmi les plantes de papyrus.

Osiris, Isis et Amon-Rê vous souhaitent la bienvenue !







Une famille de Nobles laisse entrevoir leur demeure et une petite scène privée à l'ombre du soleil radieux.





Puis, c'est la vie paysanne qui se présente au fil de l'eau avec les pigeonniers, les cultures, l'élevage, le remplissage des silots à grain où le scribe note le taux de la récolte, tandis que le flûtiste entonne une douce mélodie pendant que l'on puise l'eau du Nil pour irriguer les champs.

















A présent, les métiers et les artisans à l'oeuvre se succèdent.

Une barque en roseaux et papyrus prend vie.





Un employé, souriant qui vous salue, confectionne des cages pour la volaille, ces fameuses cages que les Egyptiens se servent encore aujourd'hui lorsqu'ils achètent leurs pigeons et leurs gallinacés vivants.


Soudain, au détour d'un cour d'eau, des pécheurs tendent leur filet et tapent la surface de l'eau pour réveiller le poisson endormi! Technique de pèche qui continue à se faire en Haute Egypte.







Le maçon vérifie le niveau de son mur.



La verrerie. Le souffleur de verre donne la forme souhaitée à la pâte et l'enfourne dans le four brûlant.





Nous voici dans la partie la plus "sombre"de la vie : la momification...







Le potier, tel Khnoum (!) d'un pied active son tour et de ses mains délicates façonne l'argile qui ira dans le four d'ici peu.







Maintenant, il s'agit du sculpteur qui taille les statues de Pharaon !



Sur des linteaux de plâtre qui orneront les tombes, les peintures narrent la vaillance et la vie d'une personne de haut rang, sans oublier de vénérer les dieux par le dessin.



Un petit tour chez le menuisier confectionnant des meubles de bois.





Ah l'albâtre...!



L'armurier est ravi de nous montrer les boucliers, les roues de chars, les armes qui font la fierté de l'armée de Pharaon.



Eh oui, les Egyptiennes avaient (ont!) leurs tâches de labeur aussi ! Nous voici dans une parfumerie où les dames extraient les essences de fleur qui embaûmeront les maisons et les corps.



Eh voici les huiles essentielles prêtes à l'emploi !



Impossible de passer à côté du tissage où les tisserandes sont devant leur métier où les métrages de coton et le lin deviendront pagnes, robes, pschent, voiles...





Lorsqu'on parle de l'Egypte antique, on pense rapidement aux feuilles de papyrus dont la technique de fabrication n'a pas changé.
Les tiges de papyrus sont taillées en lamelles, puis trempent plusieurs jours dans de l'eau pour les débarrasser de leur sucre. Ensuite,sur un plan de travail, l'ouvrier étalera des lamelles les unes contre les autres, et une seconde couche avec des lamelles posées en sens inverse. Le tout sera tapé à coup de marteau, puis restera sous presse plusieurs jours et seront ensuite séchées. Le tout donnera une fine feuille de papyrus incassable, indestructible, éternelle...!







Le vin était un breuvage de luxe et très apprécié en Egypte en plus de la bière (d'orge). De nombreuses scènes de vendanges sont narrées dans les tombes de nobles, de princes...



Le vin, une fois tiré, sera mis en jarre qui sera scellée d'une bouchon enrobé de cire avec le sceau de Pharaon et la date de son règne de ce cépage.



Quittons l'embarcation et rejoignons la terre ferme. Là, un grand prêtre garde l'entrée d'un temple.



Et si nous nous invitions chez une famille noble ?! Sitôt l'entrée de la propriété passée, un joli bassin vous accueille.



Le vizir nous invite à pénétrer dans sa maison, puis le scribe pourra poursuivre sa prise de notes.



Son épouse se fait coiffer par sa servante.



Une chambre à coucher.



La salle de bains.



Les toilettes qui nous rappellent "les wc turcs"...



Une pièce bien ombragée servant de salon et de salle à manger.



Une vue sur la salle à manger et la cuisine depuis la cour.



La cave.



La cuisine, très fonctionnelle.



Les propriétaires ont leur propre silot à grains.



La cour de la propriété.



Une employée moud le grain de blé et d'orge pour la farine indispensable pour faire le pain quotidien.



Le four à pain, qui n'a pas changé aujourd'hui et que chaque maison égyptienne possède pour la cuisson du aish, galette de pain traditionnelle et délicieuse.



Comment cuire sans feu ? Alors voici la technique. Sur une plaque de bois trouée plusieurs fois, et dont chaque trou contient du lin et de l'huile, l'employé y insère une tige de bois qui fait tourner avec un "archet" possédant une corde. En faisant des va-et-vient avec ce dernier, il actionne ainsi la tige qui va faire chauffer le lin qui s'enflammera au bout de plusieurs longues minutes. Je confirme que cela fonctionne !



Voilà, la visite est terminée. J'espère qu'elle vous aura plu et qu'elle vous donnera l'envie de découvrir le musée du Docteur Raggab.

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